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Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest

Présentation d’un film sur les archives du ghetto de Varsovie au public sénégalais à l’occasion de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste 2019

31 janvier 2019
Présentation d'un film sur les archives du ghetto de Varsovie au public sénégalais à l'occasion de la Journée internationale de commémoration de l'Holocauste 2019©
Présentation d’un film sur les archives du ghetto de Varsovie au public sénégalais à l’occasion de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste 2019

Le Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest (Sahel), la Commission nationale du Sénégal pour l’UNESCO, le Centre d’information des Nations Unies (CINU), le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) et Rosa Luxemburg Stiftung (RLS), ont organisé une projection du film « Qui écrira notre histoire », le 26 janvier 2019, à Dakar, au Sénégal. Plus de 100 élèves et étudiants venus respectivement de trois écoles associées de l’UNESCO et de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), ainsi que le grand public, ont participé à la discussion sur les archives du ghetto de Varsovie et son importance pour le Sénégal.
Chaque année, vers le 27 janvier, des événements sont organisés au Sénégal à l’occasion de la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste. Cette année, le Bureau Régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest (Sahel) et ses organisations partenaires ont participé à la projection mondiale du documentaire « Qui écrira notre histoire ? - La résistance se présente sous de nombreuses formes », qui est le premier long-métrage documentaire sur le groupe clandestin Oyneg Shabes qui a collecté des milliers de documents et de témoignages de la vie dans le ghetto de Varsovie entre 1940-1943. Les Archives du ghetto de Varsovie (Archives Emanuel Ringelblum) ont été inscrites au Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO en 1999.

Au Sénégal, l’événement a eu lieu au Musée des Civilisations noires un lieu idéal pour réfléchir sur la pertinence d’un débat autour de l’Holocauste pour le Sénégal, puisque le musée a été créé pour magnifier l’apport des civilisations noires pour l’Humanité.

L’événement a commencé par une minute de silence en souvenir de chaque victime de l’Holocauste, suivie de l’allocution de bienvenue de Mme Abibatou Sow de la Commission nationale du Sénégal pour l’UNESCO, qui a expliqué que le Réseau des écoles associées de l’UNESCO (réSEAU) promeut l’éducation à la paix à travers l’histoire du monde et l’Holocauste. Elle a invité les élèves de trois écoles membres du réseau (réSEAU) : John F. Kennedy (JFK), Cours Sainte Marie de Hann et du CEM Martin Luther King à prendre conscience de l’importance de la journée mais surtout à prendre part à la discussion sur le film.

Dr. Alioune Deme, professeur au Département d’histoire de l’UCAD, qui a animé les discussions, nous a rappelé que le premier Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, était prisonnier de guerre sous le régime nazi. Il a également mentionné que l’Holocauste avait eu lieu dans des pays où les gens étaient éduqués, soulignant l’importance des opportunités éducatives qui promeuvent la paix, la justice, la compréhension interculturelle et l’acceptation de l’autre dans sa différence.

M. Illan Acher du HCDH a souligné l’importance de faire respecter les droits de l’homme afin de prévenir les atrocités de masse. En effet, il a rappelé que les atrocités de masse trouvent systématiquement leur origine dans la marginalisation des groupes par le déni systématique de leurs droits fondamentaux. M. Acher a appelé chacun à jouer un rôle actif en s’opposant aux discours visant à créer des divisions entre les nations et les peuples, et à refuser l’utilisation de groupes minoritaires comme bouc-émissaires.

Mme Akemi Yonemura de l’UNESCO a mentionné les activités de l’Organisation en matière d’enseignement sur l’histoire de l’Holocauste et des génocides, qui visent à promouvoir la compréhension des causes, des conséquences et de la dynamique de tels crimes afin de lutter contre toutes les formes d’intolérance et de discrimination pouvant conduire à des violences collectives, et de renforcer la résilience des jeunes face aux idéologies de la haine. Mme Yonemura a ensuite présenté le film, que l’UNESCO a également projeté lors d’un événement mondial à Paris, en France.

Après le film, le public a eu la chance d’entendre les témoignages de M. Roi Rosenblit, Ambassadeur d’Israël au Sénégal, qui a raconté l’histoire de sa grand-mère qui est née et a grandi à Varsovie, puis dans le ghetto de Varsovie, et a été déportée du ghetto au camp de concentration de Chelmno et finalement au camp de la mort de Majdanek. Elle a survécu uniquement parce qu’elle était une jeune femme forte, alors que la plupart de sa famille a été assassinée à Treblinka. L’Ambassadeur Rosenblit a déclaré que l’Holocauste a eu lieu parce que des gens ordinaires, venus de toute l’Europe, étaient prêts à accepter l’idée que leurs amis et voisins juifs étaient sous-humains et méritaient d’être tués. Il a dit que nous ne devons plus jamais laisser prévaloir de telles idées de haine.

Dr. Armin Osmanovic de RLS, qui a soutenu le programme de l’UNESCO sur l’enseignement de l’Holocauste et des atrocités de masse, a exprimé l’engagement de l’organisation à lutter contre la discrimination et la violence et à promouvoir la diversité, des politiques pluralistes et transnationales ainsi que le développement des capacités de transformation du peuple Sénégalais.

M. Cardona du CINU a tiré deux leçons importantes du film : la première était le contrôle de la population par la peur et l’oppression qui caractérisaient l’Etat terroriste créé par le régime nazi ; mais cette peur pouvait également aider à résister contre les nazis. La seconde était l’importance de tirer des enseignements de l’histoire de l’Holocauste, que la jeune génération ignore. M. Cardona a, par conséquent, souligné l’importance de l’éducation dans la prévention de tels atrocités.

Mme Kane, une enseignante d’une des écoles du réSEAU a parlé des activités des écoles du réSEAU pour la promotion de la paix. Elle a ajouté que ce film nous apprend de nombreuses leçons importantes et qu’un tel événement devrait être organisé chaque année.

La réponse des étudiants de l’UCAD et du lycée JFK a souligné l’importance de la commémoration de l’histoire de l’Holocauste. Pour certains étudiants, c’était la première fois qu’ils découvraient cette histoire sur la vie des personnes touchées par l’Holocauste dans le ghetto de Varsovie, qui n’est pas une histoire du passé lointain. Plusieurs parallèles existent dans les pays voisins du Sénégal et il est important pour la société de réfléchir à ce qui peut être fait pour prévenir de telles atrocités. L’utilisation de la technologie par la communauté internationale dans la prévention rapide et la gestion des crises (e.g., crise Rohingya au Myanmar, conflits armés au Mali) sont des exemples pertinents.

M. Nelson Ndecky, professeur d’histoire et de géographie au Cours Sainte Marie de Hann, a déclaré que le film a montré l’intolérance à l’égard de la diversité et l’apathie vis-à-vis de la souffrance humaine et de la misère qui a régné partout, mais nous pouvons changer la situation à partir de la famille et de la communauté dans laquelle nous vivons.

L’histoire du ghetto de Varsovie n’était pas connue de la majorité du public, mais le film a permis pour la première fois à de jeunes Sénégalais de réfléchir sur l’histoire de l’Holocauste, en soulignant que ce n’est pas l’histoire du passé, mais qu’il s’agit d’une leçon que nous pouvons utiliser pour construire une paix durable dans la société africaine.

Mme Abibatou Sow de la Commission nationale sénégalaise pour l’UNESCO a partagé la brochure de l’UNESCO intitulée « Pourquoi enseigner l’Holocauste », qui a été traduite en deux langues nationales, le wolof et le pulaar, disponible sous format numérique et pouvant être utilisée dans les futures activités éducatives