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Burkina Faso : "L’implication des associations de jeunesse dans le processus de résolution de la crise de COVID-19 est une priorité"

29 mai 2020
Burkina Faso : "L'implication des associations de jeunesse dans le processus de résolution de la crise de COVID-19 est une priorité"©
Au Burkina Faso, La pandémie de COVID-19 qui s’est ajoutée aux défis sécuritaire et humanitaire, contraint les organisations de la société civile à innover et à se réinventer dans leurs activités au bénéfice des populations, c’est notamment le cas de la Jeunesse Unie pour un développement durable (JUDEVD). Dans cette perspective, Yvonne Bourgou, la secrétaire générale de l’association, basée à Ouagadougou, estime qu’il est indispensable d’impliquer les jeunes dans la réponse à cette crise multiforme et plaide pour la multiplication des cadres de partage d’expérience pour mieux contribuer au renforcement des droits fondamentaux des burkinabè.

Vous êtes active au sein de la société civile burkinabè. Pouvez-vous nous préciser vos engagements ?

Je suis Secrétaire Générale de l’association Jeunesse Unie pour un Développement Durable, une Organisation de la Société Civile (OSC) burkinabè, centrée sur la jeunesse. Notre association a pris l’engagement de lutter pour la préservation d’un environnement sain. Nous sommes dans la lutte contre la désertification, la récupération des terres dégradées, l’éducation à l’environnement et le développement durable.

Pour ce faire, depuis 2007, je suis engagée auprès de notre association dans un projet que nous avons nommé « OpérationZéroSurfaceDésertique » qui consiste en l’organisation de camps de reboisements et d’éducation à travers le Burkina Faso. Chaque jeune a un rôle à jouer. Chaque génération a son défi. Il appartient à chacun de prendre position dans la société, une position qui lui permette d’avoir un impact sur ses paires.

Comment la crise de COVID-19 a affecté vos activités et, plus généralement, les activités des organisations de la société civile qui travaillent directement au contact des populations Burkina Faso ?

La pandémie de COVID-19 a occasionné une suspension totale de mes activités. Je suis obligée de revoir mes habitudes, de mettre tout en attente. Le plus difficile dans cette crise pour moi est de ne pas savoir quand est-ce que tout cela va prendre fin. Comme plusieurs OSC, notre association a l’habitude d’organiser des évènements qui réunissent des centaines voire des milliers de jeunes. Avec la crise de COVID-19, nous avons tous été obligés de reporter des rencontres, formations… à des dates ultérieures. Plus de rassemblement, plus de contacts rapprochés, impossible de quitter une ville touchée par la maladie, autant de mesures qui nous ont éloigné de projets, nos cibles et nos collaborateurs.

Nous avons dû développer de nouvelles façons de travailler. JUDEVD a saisi cette occasion pour mettre en place une pépinière dont les nouvelles pousses ont commencé à jaillir. En effet, le bureau exécutif de l’association se réunit tous les samedi et dimanche durant la période de confinement pour préparer le fumier, les grains, les pots tout en respectant les mesures barrières qu’exige le COVID-19.

En somme près d’un millier de pieds de 5 espèces différentes seront produits. Cette production sera distribuée à des ménages, des associations partenaires. Une partie sera utilisée par notre association pour son prochain camp chantier de reboisement en Août prochain à Yako dans la région du Nord.

Comment vous vous êtes retrouvée point focal du projet Jeunesse Sahélienne pour l’Action Climatique (JESAC) qui vise donc à doter les jeunes de ressources et moyens d’action pour faire face aux défis du changement climatique ?

Le projet JESAC s’inscrit en droite ligne avec les objectifs de notre association. Lorsque nous avons été contactés par OXFAM pour préparer le dossier, nous n’avons pas hésité un seul instant avant de nous engager. C’est donc tout naturellement que j’ai accepté au niveau de notre association d’être le point focal du projet.

Ce projet permettra non seulement de renforcer les activités de l’initiative grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel pour lequel nous sommes engagés, mais aussi aux populations bénéficiaires du projet de toucher directement les produits de leurs efforts à travers le paiement des services environnementaux. Cela est une nouvelle donne dans notre pays.

Dans cette période de crises multiples au Burkina (crise sécuritaire, crise humanitaire et crise sanitaire), que faudrait-il faire en priorité, selon vous, pour protéger et renforcer le droit à la participation à la vie publique des acteurs de la société civile comme vous ?

L’implication des associations de jeunesse dans le processus de résolution de la crise est une priorité. Les acteurs de la société civile ont la chance d’être au contact de la population. Par conséquent, ces acteurs connaissent leurs réalités.

Les populations concernées font également confiance à des acteurs avec lesquels ils collaborent d’habitude. Il faut donc former ces acteurs, ces hommes de terrain, les organiser pour que leurs actions aient plus d’impact. Il faut aussi les doter de moyens techniques et financiers afin qu’ils agissent avec efficacité.

Quel serait, selon vous, le soutien que les Nations Unies, de manière générale, pourraient vous apporter dans ce travail de soutien à la jeunesse burkinabè et au renforcement de leurs droits fondamentaux ?

Comme on le dit couramment chez nous, on ne finit pas d’apprendre. Pour moi, un renforcement de capacités pour les uns et un recyclage pour les autres serait une idée salutaire. Je pense aussi que des cadres de partage d’expériences nous aideraient. Cela nous permettrait par des voyages par exemple de voir ce qui se passe ailleurs, et de venir ici au Faso dupliquer les bonnes pratiques. Pour une association comme JUDEVD, ce sera encore une expérience de plus, une occasion de tisser encore des partenariats et d’élargir notre cercle d’action.