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Les femmes et filles handicapées n’ont pas besoin de pitié mais d’émancipation, déclarent des experts de l’ONU

Les femmes et filles handicapées n'ont pas besoin de pitié mais d'émancipation, déclarent des experts de l'ONU©

GENEVE (30 août 2016) – Trop souvent, les Etats n’honorent pas leurs obligations à l’égard des femmes et des filles handicapées, les traitant ou permettant qu’elles soient traitées comme des objets de pitié sans défense, victimes d’hostilité et d’exclusion, au lieu de leur donner les moyens de jouir de leurs droits et libertés fondamentaux, a déclaré le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH).

« Les politiques destinées aux femmes ont traditionnellement rendu le handicap invisible et les politiques sur le handicap négligé la question du genre. Mais si vous êtes une femme ou une fille avec un handicap, vous êtes confrontée à de multiples discriminations et obstacles parce que vous êtes une femme, parce que vous êtes handicapée et parce que vous êtes une femme handicapée », a déclaré Theresia Degener, membre du CDPH.

Pour contribuer à résoudre ce problème, le Comité a publié aujourd’hui des conseils, pour les 166 Etats qui ont ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, sur la façon dont ils peuvent promouvoir l’autonomisation des femmes handicapées afin de leur permettre de participer à la vie dans tous ses aspects sur un pied d’égalité avec les autres, tel qu’énoncé de manière générale dans la Convention, et plus spécifiquement dans son article 6.

Ces conseils, aussi appelés « observation générale », soulignent que s’abstenir d’actes discriminatoires ne suffit pas. Les Etats doivent favoriser l’autonomisation des femmes « en augmentant leur confiance en soi, en garantissant leur participation, et en renforçant leur pouvoir et leur autorité à prendre des décisions dans tous les domaines affectant leur vie. »

Ces lignes directrices indiquent qu’il y a trois principaux sujets de préoccupation concernant les femmes et les filles handicapées :
· La violence physique, sexuelle et psychologique, qui peut être institutionnelle ou interpersonnelle ;
· La restriction des droits sexuels et reproductifs, y compris le droit à l’accès à l’information et la communication, le droit à la maternité et le droit à l’exercice des responsabilités liées à l’éducation des enfants ;
· La discrimination multiple.
Les femmes et les filles handicapées doivent être reconnues comme des individus jouissant des mêmes droits que les autres dans la prise des décisions concernant leur vie, a indiqué le Comité.

« Les femmes handicapées sont souvent traitées comme si elles n’avaient aucun contrôle ou ne devraient en avoir aucun sur leurs droits sexuels et reproductifs », précise l’observation générale.

Par exemple, les femmes et les filles handicapées sont particulièrement exposées au risque de stérilisation forcée, tandis que les mères handicapées sont plus susceptibles de voir leurs enfants leur être enlevés.

L’observation générale détaille les mesures que les Etats parties devraient adopter dans une série de domaines, y compris la santé, l’éducation, l’accès à la justice et l’égalité devant la loi, le transport et l’emploi, pour permettre aux femmes et aux filles handicapées de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux.

« Nos recommandations portent sur des mesures concrètes, telles que la planification des services publics afin qu’ils puissent être utilisées par les femmes handicapées, et l’implication de celles-ci dans la conception de produits afin qu’elles puissent les utiliser. Pensez aux femmes et aux filles handicapées qui font face à d’énormes obstacles dans leur vie quotidienne en termes d’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, et songez à comment garantir leur accès à des installations, des produits et des services pourrait transformer leur vie », a déclaré Diane Kingston, membre du CDHP.
« Notre observation générale aborde aussi la question des attitudes. Par exemple, les filles et les jeunes femmes handicapées sont non seulement confrontées aux préjugés rencontrés par les personnes handicapées de manière générale, mais elles sont aussi souvent contraintes par la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes et les obstacles qui y sont liés. Ceci peut conduire à des situations où elles reçoivent moins de soins et de nourriture que les garçons et peut considérablement réduire leur chance de recevoir une éducation ou une formation, ce qui, par conséquent, limite leurs perspectives d’emploi futures », a souligné Ana Pelaez, une autre membre du Comité.

L’observation générale invite les Etats parties à abroger ou à réformer toutes les lois qui sont discriminatoires, de manière directe ou indirecte, envers les femmes et les filles handicapées, et réclame des campagnes publiques pour combattre et transformer les attitudes discriminatoires de longue date envers les femmes handicapées.

« Nous espérons que les Etats parties seront guidés par cette observation générale dans le passage en revue de leur lois et pratiques, afin d’atteindre une reconnaissance et un respect accrus des droits fondamentaux des femmes et des filles handicapées », a déclaré la Présidente du CDPH, María Soledad Cisternas Reyes.

FIN

Pour lire l’observation générale, prière de vous rendre sur ce lien (en anglais) : http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/CRPD/Pages/GC.aspx

Pour toute demande de la part des medias, prière de contacter Liz Throssell – ethrossell@ohchr.org / +41 22 917 9466 / + 41 79 752 0488