UN Nations Unies
 
Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest

Burkina Faso : La promotion des droits de l’Homme face aux défis sécuritaires, humanitaires et sanitaires

20 mai 2020
Burkina Faso : La promotion des droits de l'Homme face aux défis sécuritaires, humanitaires et sanitaires©
Au Burkina Faso, la pandémie de COVID-19 est venue s’ajouter aux multiples défis, notamment sécuritaires et humanitaires, qui affectent non seulement le développement du pays, mais aussi la cohésion nationale et la paix sociale. Dans ce contexte de crise, Antonio Menendez De Zubillaga, conseiller senior des droits de l’Homme auprès de la Coordinatrice Résidente du Système des Nations Unies au Burkina Faso, rappelle que le rôle des Nations Unies est davantage de renforcer les capacités des autorités à prévenir les violations et les abus des droits fondamentaux, tout en s’assurant que les mesures prises pour combattre la pandémie, sont clairement en conformité avec les obligations internationales du Burkina Faso en matière de droits de l’Homme.

Quel est le rôle et le positionnement du conseiller des droits de l’Homme dans l’appui du Système des Nations Unies au Burkina Faso, d’une part, et dans la réponse collective face à la pandémie du COVID-19, d’autre part ?

Le Système de Nations Unies au Burkina Faso est fortement engagé à placer la dignité humaine au cœur de son travail. Il s’attache à garantir le respect des droits humains dans la mise en œuvre de ses responsabilités vis-à-vis du Gouvernement et de la population burkinabè. Le Système des Nations Unies est également conscient que, dans le contexte actuel de crise, il est nécessaire de redoubler d’efforts pour que la jouissance de ces droits se traduise dans les faits, sur le terrain.

L’exigence de faire des droits humains la centralité dans l’action du Système des Nations Unies au Burkina Faso, résume à suffisance mon travail comme Conseiller des droits humains auprès de la Coordinatrice Résidente et de l’équipe pays. Mon rôle, avec le soutien de mon collègue dans l’équipe, ainsi que celui d’autres collègues à New York, à Genève, à Dakar et au niveau du projet du Cadre de Conformité de la Force Conjointe du G5 Sahel, est donc de promouvoir une conception des droits humains qui soit porteuse de changements et qui offre des solutions pratiques aux problèmes des titulaires de droits.

La pandémie du COVID-19, bien sûr, représente de nouveaux défis, car elle a exacerbé les vulnérabilités existantes auxquelles une partie importante de la population est déjà confrontée. Il me revient, ensemble avec tous mes collègues, d’apporter une approche basée sur les droits humains pour que, par exemple, la réponse à l’impact macro-économique de la pandémie ou les mesures de protection sociale, préconisées par le Gouvernement et soutenues par d’autres acteurs, puissent contribuer à améliorer la satisfaction des droits économiques et sociaux.

Les défis, certes, sont majeurs, mais avec la volonté collective et la détermination de tous, je reste convaincu que nous pourrons les surmonter.

Quelles sont les réponses du Conseiller au regard des violations des droits de l’Homme que l’on a constaté en lien avec l’État d’alerte sanitaire et le couvre-feu depuis fin mars 2020 ?

De manière coordonnée, avec des partenaires sur le terrain, et sous la direction et le leadership de la Coordinatrice Résidente, nous essayons de renforcer la capacité du Système des Nations Unies d’observer et enregistrer ces violations pour assurer la redevabilité des personnes responsables.

Mais, nous sommes plus intéressés à renforcer les capacités des autorités à prévenir les violations et les abus des droits humains, en nous assurant que les mesures prises pour combattre la pandémie sont clairement en conformité avec les obligations internationales du Burkina Faso en matière de droits humains ; en particulier et pour ce qui concerne les mesures préventives, qu’elles soient limitées dans le temps, proportionnées et visent uniquement à protéger la population contre la propagation de la pandémie.

Dans ce sens, notre travail a également pour objectif de contribuer à la protection des gens et de leurs moyens de vie, à réduire l’impact des mesures préventives sur les personnes les plus vulnérables, à favoriser la participation de tous, y compris les jeunes et à préparer le retour à la normalité. Dans le même ordre d’idées, nous soutenons, les mesures de prévention mise en place, lorsqu’elles visent à lutter contre la pandémie.

Les droits humains sont un puissant outil pour transformer les défis en opportunités et aider les politiques publiques à transformer la vie des gens et nous nous y employons.

Les organisations de la société civile au Burkina Faso sont des acteurs importants et décisifs dans l’histoire récente du pays. Comment le HCDH pourrait-il contribuer à garantir la protection de l’espace civique dans un contexte de restrictions des libertés ?

Un espace civique sain, ouvert et transparent est le reflet d’une démocratie saine, ouverte et transparente. Nous sommes engagés à collaborer avec les organisations de la société civile, comme des partenaires clés. Nous travaillons aussi pour renforcer le dialogue avec les autorités et préserver leurs droits de participer à la gestion des affaires publiques d’une manière responsable et significative.

En outre, nous accompagnons les organisations de la société civile dans ce dialogue pour soutenir leur travail. Avec d’autres partenaires, comme le PNUD et la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), nous sommes en concertation pour la création et le fonctionnement d’un réseau de protection pour les défenseurs des droits humains dans le pays.

Par ailleurs, il est important de mentionner que, dans le cadre de notre travail, nous collaborons avec les mécanismes internationaux de protection des droits humains pour nous assurer qu’il y a un suivi et une interaction relativement à la situation, au-delà des efforts sur le terrain. Nous menons des actions de plaidoyer auprès des autorités compétentes, sous la direction de la Coordinatrice Résidente, pour faciliter un dialogue constructif et la prise des mesures correctives lorsque l’espace civique est réduit.