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Mali : L’insécurité des civiles au nord et au centre du pays est préoccupante

Mali : L'insécurité des civiles au nord et au centre du pays est préoccupante©

BAMAKO / GENEVE (9 mars 2017) – A l’occasion de la conclusion de sa huitième mission dans le pays qui a duré du 27 février au 8 mars, l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, Suliman Baldo, précise que les graves menaces sécuritaires au nord et au centre du pays continuent à mettre les populations civiles en danger et à entraver leur accès aux services sociaux de base. « Un indicateur de cette insécurité grandissante est le nombre très élevé des écoles fermées dans le centre et le Nord du pays, risquant de priver de nombreux enfants de leurs droits à l’éducation, » a dit l’Expert.

M. Baldo a déploré la prolifération de postes de contrôle mis en place sur les axes routiers par des groupes armés et par des dissidents de ces derniers ainsi que par de bandits et la multiplication des attaques armés à ces postes, tels les actes de braquages et des vols de véhicules et bétails qui ciblent les civils et les acteurs humanitaires. Il a aussi dénoncé l’impact néfaste de crimes économiques transfrontaliers qui fragilisent la sécurité des populations dans les régions affectées. En exprimant son choque du fait que les attaques ciblées menées par les groupes extrémistes violents contre les forces de défense et de sécurité maliennes et les forces internationales ont fait de l’opération de maintien de la paix au Mali l’une de plus meurtrière au monde aujourd’hui, M. Baldo a rendu hommages à ceux qui ont donné l’ultime sacrifice pour que le Mali retrouve la paix et la stabilité.

L’Expert Independent s’est rendu à Gao, dans le nord du Mali, où les premières patrouilles mixtes constituées de combattants représentants des parties à l’accord de paix de 2015, à savoir le gouvernement malien et les alliances de mouvements armés, la Plateforme et la Coordination de Mouvements de l’Azawad (CMA), ont été lancées le 23 février. « J’encourage les partenaires et la communauté internationale à soutenir ce processus afin que ces patrouilles puissent protéger les populations et les sites de cantonnements de combattants. »

L’Expert a ajouté que l’attaque odieuse et meurtrière du 18 janvier 2017 contre le camp du mécanisme opérationnel de coordination chargé d’organiser ces patrouilles montre que les ennemis de la paix ont toujours une importante capacité de nuisance. L’annonce faite le 2 mars de l’unification de plusieurs groupes extrémistes violents sous la bannière d’Al-Qaida au Maghreb islamique montre que ces groupes sont déterminés à contrecarrer les progrès réalisés dans la mise en application de l’accord de paix, a estimé M. Baldo. « Déjouer le dessein déstabilisateur de ceux qui veulent dérailler le processus de paix est la responsabilité des parties à l’accord et celle des partenaires internationaux du Mali », il a ajouté.

« Je me suis penché sur diverses problématiques et en particulier celle de l’impunité pour les violations des droits humains commises lors de la crise de 2012 ainsi que dans la période qui a suivi, y compris dans le cadre de lutte contre le terrorisme. J’appelle les forces nationales et internationales au respect des droits de l’homme dans la conduite des opérations antiterroristes et à davantage de transparence en ce qui concerne les enquêtes menées sur les allégations de violations liées à ces opérations » a dit M. Baldo.

L’Expert s’est dit aussi préoccupé par les conditions de détention, et les violations des droits des femmes, de migrants et des réfugiés. Il a noté de modestes progrès à cet égard, mais demeure inquiet du manque de progrès sur des questions essentielles telles que la lutte contre l’impunité pour les violations graves des droits de l’homme et la capacité du système judicaire dans le nord et le centre du Mali.

Après les retards dans la mise en application de l’accord de paix que l’Expert avait déploré lors de sa mission de Novembre 2016, les parties à cet accord semblent bien déterminées à rattraper le temps perdu en relançant les processus de mise en place des autorités intérimaires et de patrouilles mixtes de leurs combattants. Malgré les dérapages qui continuent à se manifester, les parties doivent continuer à s’acquitter de leurs engagements sous l’accord de paix car ces mesures sont nécessaires pour rassurer et sécuriser les populations locales et pour permettre le retour des autorités étatiques partout sur le territoire national comme cela est prévu dans l’accord de paix.

« Les parties doivent aux Maliens de continuer à trouver des solutions consensuelles à leurs différends et de permettre l’accélération du déploiement de structures étatiques notamment les forces de sécurité et le personnel administratif et judiciaire vers les villes et les cercles du nord et du centre du pays. Il y va du bien-être et de la sécurité de communautés entières que les parties prétendent représenter. Ce faisant, les trois parties doivent assurer un accès humanitaire sans entraves à ces populations et assurer la protection du personnel humanitaire et de leurs opérations », a dit M. Baldo. « La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, et particulièrement les dispositions essentielles en matière des droits de l’homme, constitue une garantie nécessaire pour une meilleure protection des civils, » il a ajouté.

M. Baldo s’est félicité du progrès réalisé dans le domaine de la justice transitionnelle notamment avec l’ouverture officielle des antennes régionales de la Commission Justice, Vérité et Réconciliation (CVJR) et le commencement de la prise des dépositions. L’Expert a souligné qu’il reste beaucoup à faire surtout dans le domaine de la sensibilisation de la population mais on est sur le bon chemin. « Afin d’achever son travail efficacement la Commission aura besoin d’un appui durable sur le plan technique et financier », a observé Monsieur Baldo.

Au cours de sa visite, M. Baldo a rencontré les Ministres des Affaires étrangère et de la Sécurité et de protection de civils ainsi que d’autres hauts responsables du Gouvernement malien, tels que les secrétaires généraux des ministères de la Justice et de droits de l’homme et du ministère de la réconciliation nationale, des représentants de la société civile, y compris des associations de victimes, des représentants des mouvements armés Plateforme et CMA aussi bien à Gao que à Bamako, ainsi que des membres du corps diplomatique et le Représentant Spécial du Secrétaire General de l’ONU au Mali.

L’Expert indépendant présentera un rapport sur la situation des droits de l’homme au Mali au Conseil des droits de l’homme en mars 2017.

FIN

M. Suliman Baldo (Soudan) a pris ses fonctions d’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali le 1er août 2013. Le mandat a été renouvelé par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 15 avril 2014 pour une période d’un an en vue d’aider le Gouvernement malien dans ses actions de promotion et de protection des droits de l’homme et dans la mise en œuvre des recommandations formulées dans les résolutions du Conseil. M. Baldo a occupé des fonctions de Directeur pour l’Afrique à la International Centre for Transitional Justice basé à New York et à la International Crisis Group. En 2011, il a été un des trois membres de la Commission international sur les violences post électorales en Côte d’Ivoire, mise sur pied par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Pour consulter les rapports récents de l’Expert Indépendant, prière de se rendre sur le lien suivant :
http://ap.ohchr.org/documents/dpage_e.aspx?m=203

Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.

Droits de l’homme de l’ONU – Page d’accueil du Mali : http://www.ohchr.org/FR/Countries/AfricaRegion/Pages/MLIndex.aspx

Pour des informations additionnelles et des demandes des media, bien vouloir contacter :
A Genève : Brian Ruane (+41 22 928 9724 / bruane@ohchr.org)
A Bamako (pendant la visite) : Guillaume Ngefa (+223 79879118 / ngefa@un.org)

Pour les demandes médias liés à d’autres experts indépendants de l’ONU :
Bryan Wilson - Service de presse (+ 41 22 917 9826 / mediaconsultant1@ohchr.org)

Pour accéder au communiqué sur le site OHCHR : ici

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